L’Histoire du triathlon
Le triathlon est un sport jeune, né dans les années 1970 en Californie. Mais ses origines plongent plus loin dans le passé. Dès le début du XXe siècle, on trouve trace de compétitions mêlant plusieurs disciplines sportives. En 1904 déjà, les Jeux Olympiques de Saint-Louis comprenaient une épreuve combinant saut en longueur, lancer de poids et sprint sur 100 yards, présentée comme un « triathlon ».
En France, des événements associant canoë, vélo et course à pied sont organisés dès les années 1920 sur les bords de la Marne. Plus tard, dans les années 1930, des triathlons apparaissent à La Rochelle, Deauville ou Poissy, préfigurant les formats modernes. Cependant, ces précurseurs n’ont pas de lien direct avec la création du triathlon dans les années 1970.
Le triathlon moderne naît officiellement en 1974 à San Diego, lorsque Jack Johnstone et Don Shanahan du San Diego Track Club décident d’organiser une épreuve inédite : enchaîner course à pied, vélo et natation. Le 25 septembre 1974, 46 participants prennent le départ de ce premier triathlon à Mission Bay. La distance est de 8 km de course, 8 km de vélo et 450 m de natation. Bill Phillips remporte l’épreuve en moins de 56 minutes.
Cet événement va véritablement jeter les bases de cette nouvelle discipline, même si les distances et formats vont encore évoluer. Rapidement, le triathlon passionne les athlètes californiens en quête de nouveaux défis sportifs. Chaque année, de nouvelles épreuves voient le jour et attirent plus de participants.
Où est naît le triathlon ?
Mais c’est à Hawaï que le triathlon va réellement prendre son essor et sa dimension mythique. En 1978, John Collins imagine la première édition de l’Ironman : 3,8 km de natation, 180 km de vélo et un marathon. 15 courageux athlètes relèvent le défi et 12 finissent la course dans des conditions extrêmes. Gordon Haller franchit la ligne en un peu moins de 12 heures.
L’année suivante, l’épreuve est reconduite et accueille déjà plus de 50 participants, preuve de l’engouement suscité par ce format extrême. Au fil des ans, l’Ironman d’Hawaï va devenir une référence absolue, rassemblant chaque année les meilleurs triathlètes du circuit Ironman. La société WTC naît en 1980 pour gérer l’organisation de ces mythiques championnats du monde Ironman.
Dans les années 1980, le triathlon déferle sur la côte Ouest américaine, puis gagne rapidement l’Europe et le reste du monde. Des épreuves sont créées en France, en Belgique, en Allemagne… La première diffusion TV du triathlon de Nice en 1982 sur Antenne 2 fait découvrir ce sport insolite aux Français. Malgré quelques réticences initiales, le triathlon passionne de plus en plus d’adeptes, conquis par son originalité.
Le triathlon et les jeux olympiques
Le besoin d’une instance internationale se fait rapidement sentir pour coordonner et réguler ce sport en plein boom. La Fédération internationale de triathlon (ITU) est ainsi créée en 1989 à Avignon, sous l’impulsion de Les McDonald. La même année a lieu le premier championnat du monde ITU. L’ITU va travailler au développement du triathlon sous toutes ses formes, tout en œuvrant pour son inclusion aux Jeux Olympiques.
En 1994, le rêve devient réalité : le triathlon est officiellement intégré au programme olympique à partir des Jeux de 2000 à Sydney. C’est un formidable tremplin qui assure au triathlon une exposition planétaire. La distance retenue pour les JO est de 1,5 km de natation, 40 km de vélo et 10 km de course à pied. Le Britannique Simon Whitfield remporte le premier titre olympique.
Parallèlement à son essor sur la scène internationale, le triathlon connaît un engouement croissant pour la pratique loisir. De plus en plus de néophytes se mettent au triple effort, d’abord sur des formats découverte, puis sur des distances S ou M. Le nombre d’inscriptions explose chaque année, preuve que le triathlon devient un phénomène de société qui dépasse le cercle des purs sportifs.
Pour répondre à cette diversité de pratiquants, de nouveaux formats de course font leur apparition : triathlon sprint, cross triathlon, relais mixte… L’offre de compétitions s’étoffe considérablement, permettant à chacun de trouver l’épreuve correspondant à ses envies et à son niveau. Le triathlon sait se réinventer pour séduire le grand public.
Sur le plan sportif, les années 1990 et 2000 voient l’émergence d’une nouvelle génération d’athlètes hyper professionnels. Le niveau de performance s’envole littéralement, repoussant sans cesse les limites du possible. Chez les hommes, des noms comme Simon Lessing, Peter Reid, Hamish Carter ou Javier Gomez marquent la décennie.
Le triathlon féminin
Chez les femmes, cette montée en puissance est tout aussi impressionnante. Des championnes comme Michellie Jones, Emma Snowsill ou Vanessa Fernandes établissent de nouveaux standards sur la distance olympique. Sur Ironman, Paula Newby-Fraser et Natascha Badmann pulvérisent les temps de référence chez les femmes.
Les années 2010 confirment cette tendance à l’accélération permanente des performances. Daniela Ryf écrase la concurrence sur Ironman et bat les records avec une marge abyssale. Sur format olympique, les médaillées descendent désormais sous les 2 heures sur la course à pied. Même constat chez les hommes, où les frères Brownlee repoussent les limites de la distance olympique.
Autre évolution majeure de la dernière décennie : l’avènement du paratriathlon. Cette discipline ouverte aux athlètes handicapés moteurs ou malvoyants connaît un essor fulgurant. Le paratriathlon fait ses débuts aux Jeux Paralympiques de Rio 2016, offrant une scène mondiale à ces triathlètes d’exception.
Ainsi, en l’espace de 50 ans, le triathlon est passé du statut de pratique marginale californienne à celui de sport mondial suivit par des millions de fans. Sa croissance s’est appuyée sur l’émergence de champions charismatiques, la médiatisation des grandes courses (Ironman, JO) et une diversification des formats adaptés au plus grand nombre.
Aujourd’hui, le triathlon suscite un engouement planétaire, aussi bien pour le grand spectacle sportif que pour la pratique loisir. Les inscriptions aux épreuves amateurs atteignent des records partout dans le monde. Le secteur économique du triathlon connaît une croissance à deux chiffres, dopé par l’explosion des ventes de vélos, montres GPS et autres équipements dédiés comme les combinaisons trifonctions.
Sur le front de l’élite, le niveau de performance ne cesse de progresser d’année en année, aussi bien sur distance S que sur format Ironman. De nouveaux prodiges ne tardent pas à prendre la relève des stars vieillissantes. Le plateau des compétitions internationales n’a jamais été aussi dense et homogène qu’aujourd’hui.
Parallèlement, on assiste à une professionnalisation de la préparation des athlètes, avec des staffs techniques étoffés et des moyens toujours plus importants. L’entraînement, la récupération, le matériel, la nutrition… Tous les détails sont passés au crible de la science pour gagner en performance.
L’avenir du triathlon semble radieux, porté par l’engagement des fédérations nationales et continentales pour développer cette discipline dans toutes les régions du monde. L’ITU a pour objectif d’atteindre les 400 000 licenciés internationaux d’ici 2025. Et de nouveaux pays émergents, comme l’Inde ou la Chine, laissent envisager un fort potentiel de croissance.
Le triathlon possède de nombreux atouts (spectacle, suspense, héroïsation des athlètes) qui en font un sport particulièrement attractif auprès des jeunes générations. Sa dimension multisports correspond aussi à une tendance sociétale où les pratiquants recherchent la diversité avant l’hyper-spécialisation. Autant d’éléments qui laissent penser que le triathlon n’a pas fini de nous enthousiasmer.